L’histoire des gantiers-parfumeurs
Les dessins seront mieux visibles avec votre appareil à l’horizontale.
Montpellier, un lieu propice
Avec la richesse de sa garrigue, la via Domitia romaine et le chemin de Compostelle, son port de Lattes sur les routes maritimes vers Barcelone, Montpellier a tout pour devenir un carrefour des connaissances et des savoir-faire. Nombreux sont les voyageurs, marchands, médecins, savants qui passent par Montpellier en reliant les péninsules ibérique et italienne, apportant les savoirs des mondes arabo-andalou et byzantin.
Naissance des premiers parfums
Le médecin montpelliérain Arnaud de Villeneuve, l’un des esprits les plus brillants et inventifs du XIIIe siècle, va se baser sur la distillation alcoolique pratiquée dans le monde arabe pour créer l’eau-de-vie puis l’alcoolat de romarin. Il invente ainsi le tout premier parfum moderne.
Le temps des épiciers-apothicaires-parfumeurs
Sous le contrôle de l’École de médecine ils élaborent des élixirs thérapeutiques, et prospèrent grâce notamment à la très renommée « thériaque de Montpellier », qui est l’une des plus substantielles de l’époque (jusqu’à 83 ingrédients). Ses vertus curatives, très largement reconnue, lui valent le surnom de « thériaque fine ». L’excellence des remèdes de Montpellier va faire la réputation de la ville et permet d’étendre ce label de qualité à tous les produits qui y sont fabriqués.
L’Eau de la reine de Hongrie
La reine de Hongrie se lamente, se trouve laide, se désole de sa mauvaise santé. Un ermite lui offre un flacon de cette mystérieuse eau de Montpellier qui est à la fois un élixir de beauté, un remède efficace, une boisson et un parfum. Elle s’en asperge, s’en abreuve et comme par magie retrouve la jeunesse et la santé. Succès fulgurant! Versailles l’adopte. Louis XIV, Madame de Sévigné, plus tard Marie-Antoinette, tous sont « à la mode de Montpellier ».
Montpellier, capitale du parfum
De véritables dynasties d’apothicaires-parfumeurs naissent et
prospèrent à Montpellier : Matte, Fargeon, Catelan, Périer, Deloche…
Sébastien Matte vend son eau de la reine de Hongrie partout en
France et obtient la charge de pharmacien de Louis XIV,
qui l’anoblit et lui accorde d’allonger son nom en
Matte La Faveur.
Les Fargeon seront parfumeurs de Mademoiselle d’Orléans,
cousine de Louis XIV, puis de la reine Marie-Antoinette…
Six montpelliérains reçoivent du Roi-Soleil les premiers brevets de
maîtres gantiers-parfumeurs.
La ville compte près d’une centaine de parfumeurs et
devient la grande référence en matière de parfum.
Le grand chambardement
À partir du XVIIIe siècle, la concurrence apparaît dans
le monde de la parfumerie. Napoléon ne jure que par l’eau de Cologne,
et toute l’Europe avec lui. Le climat de la côte d’Azur,
plus propice à la culture des fleurs, donne l’avantage à Grasse…
L’avènement de la chimie moderne déplace l’intérêt des montpelliérains
vers la pharmacie. La famille Matte se recycle dans le chocolat…
De nos jours la licence professionnelle
« Parfums, Arômes et Cosmétiques », proposée par
l’université de Montpellier, témoigne encore de ce glorieux passé.